Comme souligné par Baumol (2011), de nombreux biens et activités culturels n'existeraient pas sans subvention publique. Toutefois, dans un contexte de fortes contraintes budgétaires, les pouvoirs publics doivent justifier les dépenses investies dans les différents projets culturels. La légitimation de ces derniers ne peut se faire que si les préférences culturelles des individus potentiellement hétérogènes sont prises en considération lors de la phase de conception des projets. La méthode du Choice Experiments permet de répondre à cette exigence à condition de ne cibler l'évaluation que sur les résidents afin d'éviter une superposition des considérations touristiques et culturelles et à condition de mettre en œuvre les modèles économétriques adéquates. Nous appliquons ainsi cette méthode à l'évaluation d'un projet d'école de musique municipale destiné aux résidents de la ville d'Angers en utilisant deux types de modélisation de l'hétérogéneité des préférences individuelles (modèle Logit à Paramètres Aléatoires et modèle à Classes Latentes) et y en intégrant le fait que les individus ne prennent pas nécessairement en compte lors de leurs choix la totalité des caractéristiques de l'école (phénomène de « non-attendance »). Nous montrons ainsi qu'il existe une hétérogénéité des préférences des individus selon leur proximité aux activités culturelles et sportives et ce, quelle que soit la méthode d'estimation utilisée. Les résultats indiquent également qu'il est dans l'intérêt des autorités publiques d'offrir un projet culturel ayant une dimension collective allant au-delà des intérêts des seuls futurs usagers. Nous mettons également en évidence l'existence d'une classe composée principalement d'habitants ne souhaitant pas la création de la nouvelle école de musique.