Nous nous intéressons aux liens entre les discriminations ethniques dans l'accès au logement, d'une part, et la composition ethnique des quartiers d'autre part. Il s'agit de déterminer si les discriminations amplifient ou non les ségrégations résidentielles. Nous mesurons les discriminations dans l'accès au logement dans le Grand Nouméa, selon l'origine ethnique, en distinguant les origines kanak et européennes. Entre octobre 2015 et février 2016, nous avons répondu à 342 annonces en présentant 4 candidats à la location pour chaque annonce, soit 1368 réponses à des annonces immobilières. Deux de nos candidats signalent par leur patronyme leur origine kanak, deux signalent une origine européenne. Dans chaque paire, un candidat donne un signal de stabilité financière et professionnelle en indiquant explicitement qu'il est fonctionnaire. Une originalité de l'étude est d'exploiter statistiquement ces données en les croisant avec la répartition ethnique des quartiers. Nous trouvons une forte discrimination dans l'accès au parc locatif privé à l'encontre des candidats kanak dans l'ensemble des quartiers. L'envoi d'un signal de stabilité réduit fortement la discrimination à l'égard des candidats kanak.
Cette discrimination est liée aux comportements des propriétaires et dans une moindre mesure à l'action des agences immobilières. Les difficultés d'accès au logement relèvent uniquement d'une discrimination liée à la précarité sociale des Kanak dans les quartiers où les Kanak sont les plus représentés. Elles sont liées de surcroît à une discrimination ethnique à l'encontre des Kanak dans les quartiers où résident de manière très majoritaire des Européens. Les offreurs de logement jouent ainsi une part active dans la ségrégation résidentielle.
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