Plusieurs hypothèses concurrentes ont été avancées pour rendre compte de la persistance du sous-emploi des personnes de plus de cinquante ans en France. Dans cette étude, nous nous intéressons à la demande de travail. Nous construisons et nous mettons en oeuvre un protocole expérimental permettant de tester les quatre hypothèses les plus fréquemment évoquées : la distance à la retraite inobservable par le recruteur ; l'obsolescence supposée des compétences dans un contexte de chocs technologiques répétés ; l'inaptitude supposée à la reconversion professionnelle, éventuellement différenciée selon le sexe ; une discrimination pure à l'encontre des seniors, du fait de normes sociales. Pour tester chacune de ces hypothèses, nous avons mené à bien quatre campagnes de testing distinctes permettant de les évaluer. Entre mi-janvier et mi-août 2015, nous avons envoyé un total de 6 361 candidatures fictives réparties sur 7 professions et 28 profils. L'étude consiste en une exploitation statistique des résultats de ces testings. Nos résultats indiquent qu'il faut nécessairement combiner plusieurs hypothèses pour rendre compte du sous-emploi des seniors en France. Les seniors sont à la fois victimes de l'obsolescence de leur capital humain et de discriminations à l'embauche en raison de l'âge, ce qui pénalise particulièrement les hommes dans leur reconversion professionnelle. L'explication classique par la distance à la retraite est la seule à ne pas être statistiquement validée.
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